REDFIELD: « TOUT D'ABORD, BONJOUR A VOUS. C'EST UN HONNEUR D’ÊTRE EN VOTRE PRÉSENCE, VRAIMENT.  »

Assise nonchalament dans le fauteuil de velour, la jeune femme affiche un sourire charmeur. Ses cheveux roux cascadent sur ses epaules, et ses yeux vert fixent le journaliste.

- "Evidemment."

REDFIELD: « COMMENT ALLEZ-VOUS, LES AFFAIRES MARCHENT BIEN? »

- "Hm, oui plutot bien." Elle compte sur ses doigts au fur et a mesure de son enumeration "J'ai sauve le parc de Fort Green, j'ai convaincu le maire de faire une plus grosse donation au Brooklyn Botanical Garden... J'ai meme voyage en Europe fin Septembre a l'occasion de l'accord de Paris sur l'environnement, c'etait un voyage charmant.

Un sourire carnassier se dessine sur ses levres. Elle se penche legerement, invitant le journaliste a se raprocher d'elle d'un mouvement d'index. Il ne se fait pas prier.

"En toute honnetete, il a fallu kidnapper quelques personnes et menacer tout un tas de gens, c'etais assez amusant. Evidemment, n'en parlez a personne, j'aimerais que ca reste entre nous. "

D'un mouvement gracieux, elle se rassoit dans le fond du fauteuil, accompagnee d'une petite moue.

"Pour une raison que je ne comprends pas, les gens s'imaginent que je suis une terroriste..."

REDFIELD: « DITES, COMMENT CA FAIT D'AVOIR DES SUPERPOUVOIRS? D'AILLEURS, EN QUOI CONSISTENT EXACTEMENT LES VÔTRES? VOUS LES AVEZ DEPUIS LA NAISSANCE OU ILS VOUS SONT TOMBÉS SUR LE COIN DE LA GUEULE, COMME CA, D'UN COUP? »

- "Tres bonne question. C'est une sale histoire pour etre honnete. Ca date d'il y a bien longtemps, quand j'etais encore etudiante, jeune et naive. J'etais excellente, vous savez ? Je faisais mon bachelor en biologie, j'avais quoi... 20 ans ? Et ce professeur, charismatique et d'une intelligence extraordinaire, me propose de rejoindre son laboratoire de recherche."

Elle s'arrete une seconde pour l'effet de suspense.

- "Ben evidemment que j'ai accepte ! Qui n'a jamais fantasme sur une romance eleve/professeur ? Faites pas genre, vous avez probablement reve de votre prof de math au lycee, avouez-le. "

- "Quoi qu'il en soit, j'etais prete a tout. Il m'avait convaincu, c'etait pour la science, ameliorer l'espece humaine mais egalement l'harmonie entre la nature et l'humanite, blablabla, sortez les violons. Qu'est-ce-que j'etais stupide. Au debut, il m'injectais ses experiences une fois par mois, et on faisait un suivi regulier. Mais je suis devenue plus en plus resistante et c'est rapidement devenu une fois par semaine, puis une fois par jour. Les injections etaient extremement douloureuses au passage, mais je faisais la meuf brave qui savais ce pour quoi elle avait signe. Tu parles. Et lui me couvrait de mots doux et de belles paroles."

L'histoire qu'elle raconte est loin d'etre un compte de fee, mais elle n'en a pas l'air. Elle explique avec des grands mouvements de bras, mime le violon et l'aiguille, et ne se debarasse a aucun moment de son assurance et de sa bonne humeur. C'est assez tordu, disons-le.

- "J'ai failli mourir une premiere fois, des resultats de cette experience."

Elle en parle comme d'une visite a Disneyland.

- "Interdiction d'aller a l'hopital bien sur. La seconde fois, je pense que quelqu'un l'a balance. L'homme que j'aimais m'a abandonne a la premier sirene de police, apres avoir passe des mois a me torturer tout en me retournant le cerveau. Je pensais qu'il serait pret a tout pour moi de la meme maniere que moi je l'etais pour lui, mais non. Il s'est enfui comme un voleur, me laissant a moitie morte sur la table d'operation, dans un etat pitoyable. J'ai ete conduite a l'hopital et y est reste six mois, entre la vie et la mort, avant que mon etat ne s'ameliore."

Affichant un sourire eclatant, elle continue.

- "Quelque part entre temps j'ai acquis les pouvoirs qui sont les miens, en meme temps qu'une bonne claque dans la gueule. "

REDFIELD: « QU'EST-CE QUI VOUS A DIRIGÉ VERS LE CÔTÉ OBSCUR DE LA FORCE? PARCE QUE BON, VOUS AURIEZ PU DEVENIR COMME UNE DE CES GONZESSES DE SUPERHEROS. »

- "Honnetement ? Les evenements que je vous ai raconte m'ont fait comprendre la veritable nature de ce monde. Les gens me degoutent. Et quand je regarde les villes puantes que l'on construit, pour amasser notre surplux d'etre humains dans des batiments delabres ou hors de prix. Ou est la dignite humaine ? Nul part. Les gens ne valent pas la peine d'etre sauve. Ce dont on a besoin, c'est d'un bon vieux deluge. Se debarasser des deux tiers de la population mondiale ca ferait du bien a cette planete et peut-etre qu'on pourra enfin vivre en paix. "

Elle jette un regard pensif par la fenetre, ou s'aligne les immeubles de la ville, puis reporte son regard sur le journaliste.

- "De toutes les villes, New York est la pire. Si je ne peux pas la sauver, je brulerais cette ville et tous ceux qui s'y trouvent. Des profondeurs ignobles de ses egouts aux hauteurs vertigineuses des grattes ciels, il ne restera plus rien."

REDFIELD: « A PART MENER LE MONDE A SA PERTE, VOUS FAÎTES AUTRE CHOSE DE VOTRE VIE? D'AILLEURS, TENEZ-VOUS A GARDER L'ANONYMAT? »

- "L'anonymat, l'anonymat, c'est facile a dire. Une simple recherche internet suffit a trouver que Poison Ivy est Lily Isley grace a mon passage a l'hopital, et un peu de recherche alors j'ai abandonne l'idee il y a longtemps. Trouver ou j'habite officiellement n'est pas super complique."

...

- "Comment ca, cette reponse n'est pas satisfaisante ? Uh, vous etes bien un journaliste."

L'air conspiratrice, elle se rapproche de Redfield.

- "D'accord, je l'admet, il y a quelques temps je me suis cree une fausse identite. J'ai mis beaucoup de temps et d'effort la dedans et ca a marche plutot bien. Physiquement, je fais un chignon, je met une paire de lunette, je prends un air gentil et c'est bon. J'avoue que l'idee vient de Superman - qu'est-ce que les gens sont stupides et credules. Je travaille au Brooklyn Botanical Garden, qui est un endroit superbe au passage. C'est principalement la que je fais mes experiences d'ailleurs, ils m'ont file un laboratoire et je suis a peu pres libre de faire ce que je veux, ils ne viennent pas verifier. Mon faux CV est impecable et grace a moi leurs jardins sont plus beaux qu'ils ne l'ont jamais ete de toute facon. En plus, puisque Rose et Hazel sont a la SS maintenant, j'avais besoin d'un alias qui puisse etre de leur famille et apporter un peu de contexte. "

Elle pause un instant, et affiche un sourire inquietant.

- "Il va de soit que cette partie la reste entre nous, Redfield. Dans le cas contraire, blablabla, je tuerais ta femme, ton chien, ton raton laveur, tu connais le delire. J'ai pas besoin de te faire un dessin hein ? Cool. Question suivante ?"

REDFIELD: « AVEZ-VOUS DES PASSIONS? CA ME PRÉOCCUPE BEAUCOUP, SINCÈREMENT. »

- "A part le jardinage, les experiences scientifiques cheloues, et trouver un moyen de transformer Manhattan en foret ? Nan. Pour etre honnete ca prends du temps ces choses la, ce sont vraiment des activites sous-estimees."

REDFIELD: « ET PUIS, COMMENT VA VOTRE VIE AMOUREUSE? EXCUSEZ-MOI DE ME MÊLER DE CE QUI NE ME REGARDE PAS... A VRAI DIRE, JE SUIS INTÉRESSÉ. VOUS ME PLAISEZ ÉNORMÉMENT. »

- "Oui j'ai remarque, et c'est assez triste d'ailleurs. Enfin je ne peux pas vous en vouloir. Pour etre tout a fait honnete avec vous, meme quand je n'utilise pas mon pouvoir de pheromones de facon consciente, mon corps en emmet quand meme plus que la normale. Du coup les gens ont tendance a se sentir plus attires par moi qu'en temps normal. C'etait un peu etrange au debut mais on s'y fait. Enfin. Ca fait un peu perdre tout son interet a une vie amoureuse, vraiment. En plus, maintenant je tombe dans le cliche 'oh-mon-dieu je ne peut plus faire confiance a personne'. Pas que je m'en plaigne vraiment. Je suis au dessus de tout ca, de toute facon. "

REDFIELD: « RACONTEZ-MOI LE RÊVE QUI ANIME VOTRE VIE DEPUIS VOTRE PLUS TENDRE ENFANCE. ET VOTRE PLUS GROSSE HONTE AUSSI, SI CA NE VOUS INCOMMODE PAS. »
VOUS: « écrire ici, en cinq lignes minimum. »

REDFIELD: « IL ME SEMBLE QUE NOUS AVONS TERMINÉ. UN DERNIER MOT AVANT QUE J'ENVOIE CET ARTICLE A LA RÉDACTION DU JOURNAL? J’ESPÈRE VRAIMENT VOUS REVOIR. »

- "Ahah - Non je ne pense pas."